8e édition des Journées du Livre Russe (2017)

 Association France-Oural, 2017

 

Video 1 JLR 2017 – Alexandre Zinoviev – Ibansk, Munich, Moscou

Une conférence littéraire, avec Olga Zinoviev, Gérard Conio et Dimitri de Kochko.

 

Video 2. JLR 2017 – L’Anniversaire de la publication des Hauteurs Béantes

Une conférence littéraire, avec Olga Zinoviev, Wladimir Berelowitch, Pavel Fokine, Christine Mestre.

Les Voix de la diaspora russe

Il existe une abondante littérature russe de l’exil, et si de nombreux écrivains arrachés à leur terre natale par les violences de l’Histoire ou les difficultés économiques, ont quitté la Russie pour l’Allemagne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, Israël ou la Suisse, aucun pays n’a, comme la France, accueilli autant d’auteurs ou d’artistes russes ou russophones.

Déjà au XIXe siècle, Ivan Tourguéniev fait le choix de la France dont il fait son pays d’adoption. Dans les années 1920, la première vague de la diaspora russe commence avec l’exil des Russes blancs et ceux chassés par le nouveau pouvoir: de Bounine à Remizov, en passant par Irène Némirovsky et par les poètes Tsvetaïeva, Balmont, Khodassevitch, Hippius, Zaïtsev, sans oublier les artistes Ossip Zadkine, Fedor Chaliapine ou encore le célèbre collectionneur Sergueï Chtchoukine… Ils investissent également le monde du cinéma en créant les studios Albatros à Montreuil qui vont révolutionner le cinéma mondial. Ils sont rejoints, à l’issue de la
Seconde Guerre Mondiale, par ceux qui se sont retrouvés dans les territoires occupés ou qui ont été internés et craignent, à juste titre, d’être envoyés dans les camps staliniens s’ils rentrent en Russie. Une troisième vague de l’immigration russe en France a lieu dans les années 1970-1980. Elle est constituée, pour sa partie la plus visible, de dissidents et opposants au régime soviétique. C’est le cas de Siniavski, Etkind, Pliouchtch, Gorbanievskaïa, Maximov, Nekrassov, Galitch; d’autres, déchus de leur nationalité, se voient contraints à l’exil, c’est le cas de Soljenitsyne, Zinoviev, Brodsky ou Rostropovitch. Après la chute de l’URSS, l’émigration des années 1990 n’est plus un arrachement définitif mais l’occasion pour de nombreux écrivains de s’installer ailleurs pour vivre ou travailler.

Certains ont fait le choix de la langue française dont ils sont devenus des figures emblématiques: Henri Troyat (de son vrai nom Lev Tarassov), Maurice Druon, Romain Gary (Roman Kassev) et Andreï Makine, lauréats du Prix Goncourt; la comtesse de Ségur (née Sophie Rostopchine); d’autres ont été élus à l’Académie
Française comme Joseph Kessel, Henri Troyat, Maurice Druon, Hélène Carrère d’Encausse et plus récemment Andreï Makine, d’autres encore comme Nathalie Sarraute (Natalia Tcherniak) ont été à l’origine de courants littéraires. La majorité d’entre eux a continué à s’exprimer en russe. D’autres ont écrit dans les deux langues comme Marina Tsvetaïeva et Vladimir Nabokov. On se penchera dans le cadre du volet « russophonie » sur le choix de la langue russe comme langue d’écriture pour les auteurs qui ont une autre nationalité.

Quelle que soit la langue d’écriture, la richesse de leur apport à la culture française n’est plus à démontrer et l’on peut s’interroger sur la façon dont leur oeuvre a évolué en exil. La littérature est – elle devenue pour eux un refuge intérieur, une consolation à la douleur de l’émigration? Apportent-ils un éclairage nouveau sur les sociétés qui les accueillent, sont-ils inspirés par la rancoeur, la nostalgie, l’idéalisation du pays quitté? Comment leurs points de vue ont-ils évolué?

Le thème de l’écrivain en exil sera évoqué à travers les classiques qui ont soit fait le choix de quitter leur pays, soit y ont été contraints mais également avec des écrivains contemporains venus de divers pays: Vladimir Fedorovski (France), Dmitri Bortnikov (France), Nicolas Bokov (France), Dina Rubina (Israël), Andreï Ivanov (Estonie), Alexeï Nikitine (Ukraine), Maria Rybakova (USA), Mariam Petrosyan (Arménie), Vladimir Lortchenkov (Canada), Tchinguiz Abdoullaïev (Azerbaïdjan) ainsi que Marina Akhmedova, Andreï Batov et Andreï Astvatsatourov (Russie).

Au cours de cette 8e édition, Olga Zinoviev retracera l’itinéraire d’Alexandre Zinoviev, de la Russie à son exil en Europe.

Enfin, des écrivains français, parmi lesquels Iegor Gran, Paul Greveillac et Cédric Gras, apporteront chacun un point de vue singulier sur la Russie qui a inspiré leurs derniers ouvrages et leur éclairage personnel sur la création littéraire et l’enracinement.

Fanchon Deligne et Christine Mestre, coordonnatrice du prix Russophonie et fondatrice des Journées du livre russe.